Description
Depuis des millénaires, la pratique de l’écriture s’est faite selon des configurations et sur des supports variés. En Occident, copistes et imprimeurs ont imposé de longue date la lecture de la page de haut en bas et de gauche à droite. Jusqu’à la rupture mallarméenne d’Un coup de dés… et sa grammaire visuelle et typographique, puis des Calligrammes d’Apollinaire et Albert-Birot — avec la re/présentation d’une figure introduisant une autre réalité esthétique ayant ses propres codes. Depuis, même s’ils s’en tiennent à l’écart, poètes ou plasticiens ne peuvent ignorer que l’espace de la page, du livre, est constitutif du poème.
Christian Vogels s’interroge sur les enjeux esthétiques de cette révolution chez Micheline Hachette et Jacques Roubaud. Puis il analyse, chez trois poètes contemporains, quatre de leurs recueils. Que révèle du poème l’espace de la page chez Pierre Garnier et Georges Perros ? Comment, dans la « mise à livre » d’Anik Vinay, manifeste-t-il l’indicible d’un poème d’Antoine Emaz ? Comment, par le déploiement des mots sur la page, ce livre d’artiste transforme-t-il l’espace lui-même en poème, l’œuvre en livre d’art ?
L’espace de la page ouvre au lecteur de possibles lectures « démultipliées par la mise en forme même ». Cela dit, cette spatialité évolue et rencontre aujourd’hui un autre espace : la « page » de l’écran numérique, riche de nouvelles écritures et lectures, qui reste à explorer.