Chair de l’effacement

Auteure
Carole Darricarrère
Poésie
58 pages, 15 x 25 cm, 19 photos, quadrichromie
Parution : novembre 2014

Publié avec le soutien de la région Bretagne et du Centre national du livre

 17,00

UGS : 978-2-917751-49-7 Catégorie :

Description

La chair, dès le titre, des mains ou « l’événement d’un visage », dès les premiers vers, nous sont donnés… Or, dans ces photo­gra­phies, pas une image de corps, pas un visage.
Un bouton de porte, des rectangles ou diago­nales de lumière, des reflets de voilages (l’ombre d’un désha­billé), le rebord d’une baignoire, un rideau de douche, une serviette de toilette. Des éclats lumi­neux épar­pillés, scin­tillants – diffrac­tés. Mais partout des tons de chair, une surface comme épider­mique : tout est chair quand il n’y a pas un bout de peau dans l’image ; tout est dans l’œil qui saisit l’image quand le visage est absent. Et le poème de réson­ner : « lés de chair », « temps frémis­sant », « empreinte / de la dispa­ri­tion / moti­lité du vide ». Il y a une présence intense dans ces photo­gra­phies alors qu’elles ne sont qu’ombres et reflets. Il y a « l’ombre portée / d’un vis-​à-​vis », parce qu’ici s’ensable / un arrière / pays », « ici le soi de soi ».
À aucun moment dans Chair de l’effacement le poème ou l’image ne s’écartent l’un de l’autre, ils se renforcent, se tissent l’un l’autre. Le poème serait la colonne (dans la mise en page, déjà, à la verti­ca­lité pronon­cée), les photos la chair, de ce que l’on pour­rait appe­ler un livre-​empreinte, un livre-​en-​négatif, en un beau retour­ne­ment : d’un effa­ce­ment tout proclame la présence, la chair donc… « Aussi le chemin le plus court / vers le Poème / n’est-il pas la phrase / mais son effa­ce­ment ». Le Poème en tant que champ (chant) d’une appa­ri­tion – quelque chose, quelqu’un, .

À écou­ter sur France culture, « Les bonnes feuilles », 11 février 2015 : Carole Darri­car­rère lit les premières pages de Chair de l’ef­fa­ce­ment.

On peut écou­ter aussi son « Atelier de la créa­tion » diffusé le 13 novembre 2014.

Photo­gra­phies de Carole Darricarrère

Notes de lecture

« Une parole indu­rée, concrète à fleur d’abstrait, émiette des poèmes à finales longues, de jaillis­se­ment caudal. La langue a des voltes de spasme court, de poésie timbrée à l’os. […] Les photo­gra­phies, de camaïeu de sépias en reflets, s’attardent sur la poignée d’une porte refer­mée comme un livre. Poignée et son ombre portée dépor­tée d’absence à cru, gond cardi­nal comme “le trait tactile de l’inaperçu”. »
Chris­tophe Stolo­wi­cki, Inks-​passages d’encre, 27 novembre 2014

« Issus de quelle radi­cale décan­ta­tion, les poèmes qui composent le nouveau livre de Carole Darri­car­rère ? Dres­sés, quasi phal­liques, ils fixent des traces qui rayonnent, conjuguent désir et dépos­ses­sion. Désir de voir que démul­ti­plie un dispo­si­tif alter­nant poèmes et photos couleur de peau ambrée et embru­mée. [… une porte et son bouton de porce­laine, le rebord d’une baignoire, des rectangles ou des diago­nales de lumière, l’ombre d’un désha­billé, un coin de rideau de douche, une serviette de toilette]. Comme autant d’échos à la nudité, et comme le rappel brûlant d’une présence.
[…] Le tout forme une sorte d’ontologie brute décli­née dans l’ombre portée de l’amour, quand après le surgis­se­ment et la volupté, vient l’éclipse. Ce que traduisent à leur façon la gloire dres­sée des poèmes et la voix sans mot d’images qui, dans leur “prompte saisie / du rien / de l’effacement”, donnent une aura, une chair à l’effacement. »
Richard Blin, Le Matri­cule des anges, février 2015

À lire également :
Isabelle Lévesque, Terre à ciel, avril 2016