Pointillés

Auteure
Françoise Louise Demorgny
Récit
122 pages, 12 x 15 cm
Parution : septembre 2019

Publié avec le soutien de la région Bretagne

Prix Jean-Follain de la ville de Saint-Lô 2021

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 16,00

ISBN  978-2-490385-03-4 Catégorie 

Description

Fran­çoise Louise Demor­gny, comme dans Rouilles et Un écart, ses précé­dents livres, retrouve les Ardennes, ce pays d’enfance qui la « tour­mente fidè­le­ment » et ses « voix urgentes » qui « montent des marges de l’oubli ». Se dessine peu à peu la figure de la mysté­rieuse tante Pier­rette, placée chez les Filles du Cœur misé­ri­cor­dieux de Marie où naîtra Roland, l’enfant illégitime.
Si les poin­tillés du titre sont bien sûr ceux de la fron­tière entre la France et la Belgique, figure centrale du récit, « lieu de tous les possibles », ils sont égale­ment ces lignes entières que Rimbaud sème sur ses manus­crits et qui resti­tuent « un geste, un élan, une rage » et disent « des choses entre les lignes ».
Une suite émou­vante de courts textes formant récit, chaque fois précé­dés des mots des poètes pour tres­ser une guir­lande à toutes ces ombres, iriser leurs pauvres histoires. Comme dans ce jeu d’enfant où une fois tracée une ligne le long des poin­tillés appa­raît un dessin. Ici, un portrait en creux destiné à réunir enfin Pier­rette et Roland dans son « exil ».

Notes de lecture

« Les Ardennes, l’ombre d’Arthur Rimbaud, la fron­tière, les poin­tillés entre la Belgique et la France, les choses entre les lignes, les lieux de tous les possibles, une ligne ténue ou têtue, “la fron­tière en moi est comme infuse”, la douane, “La douane est un genre de confes­sion­nal où on ne fait pas le malin”, une brèche, “Mais entre les inter­dits et les péchés, il y a plein de brèches où je me faufile avec délices pour sucer mon pouce, faire des grimaces et dire merde tout haut”, la plume traçant des suspen­sions, l’essui et le torchon, l’appel du large, la lisière, des mots et des sens…
De courts textes formant récit, des cita­tions, des poin­tillés et des contours, Pier­rette, Roland, la voyouse, les exils…
J’ai pour ma part dans l’enfance traversé souvent, plus à l’ouest dans le plat pays, cette ligne imagi­naire aux contraintes admi­nis­tra­tives fort variables…
Des poin­tillés en émotion. »
Didier Epsz­tajn, Entre les lignes entre les mots, 25 octobre 2019

« Cette fin d’année 2019 est marquée par la publi­ca­tion de Poin­tillés, suite émou­vante de courts textes formant récit “pour tres­ser une guir­lande à toutes les ombres, iriser leurs pauvres histoires”. Un livre hanté de beauté pure et grave : “Les morts nous laissent des bouts d’histoires inache­vées, des béances, des mailles détri­co­tées, des traces pâlies […]. Ils freinent notre fuite en avant. Leurs paillettes, leurs lambeaux mettent des ques­tions dans notre histoire…” »
Alain-​Gabriel Monot, ArMen, n° 233, octobre-​novembre 2019

« J’avais déjà lu un livre de Fran­çoise Louise Demor­gny qui m’avait enchan­tée. Celui-​ci ne m’a pas déçue. Là encore, le choix a été diffi­cile, j’aurais voulu en donner à lire davan­tage. Sachez que c’est une petite fille qui parle ou une adulte qui se souvient très bien de son enfance. Les textes tournent autour de l’idée de fron­tière, que le maître d’école dessine en poin­tillé au tableau. Par consé­quent, le dessin est une limite à ne pas fran­chir et que l’on fran­chit quand même puisque, entre les points, il y a du vide par lequel on passe, ou peut passer si on se fait petit, discret. La fron­tière, la limite, est celle qui sépare la Belgique de la France, et plus préci­sé­ment celle qui se trouve du côté de Char­le­ville, le pays de Rimbaud, à qui il est fait très souvent allu­sion. Chaque texte est surmonté d’un extrait de poème, un peu trans­formé, dans sa typo­gra­phie, par l’auteure, un extrait qui lui sert de musique pour écrire et d’hommage à rendre aux poètes qu’elle aime. »
Marie Étienne, « Esquif poésie », En atten­dant Nadeau, 3 décembre 2019

« Il faut lire Fran­çoise Louise Demor­gny. Et décou­vrir cette trilo­gie de la fron­tière, nous l’appellerons de la rouille, titre du premier volume du trip­tyque. “Tour­men­tée fidè­le­ment” et douce­ment par le pays d’enfance, l’auteur ramasse des bouts d’histoires inache­vées, mailles de vies détri­co­tées, ferrailles travaillées et aban­don­nées, traces effa­cées sur un seuil de maison, tôle, bout de chaîne à vache ramas­sée dans un fossé. Et puis tous ces cœurs, ces mains, ces vies des simples d’un coin perdu de forêt. Si la vie est un passage, l’enfance de l’auteur (née en 1946) est tout en fron­tières, de la haie piquante qui ferme le jardin des jeux et des rêves, la voie ferrée où passent les trains un peu plus loin et enfin “la vraie fron­tière” celle que seuls fran­chissent les animaux sauvages et les oiseaux. France d’un côté, Belgique de l’autre, la fron­tière est une limite et le signe d’une immense rêve­rie, d’un ailleurs tout près et loin­tain en même temps. Rimbaud le frère et cousin d’ici accom­pagne la narra­trice. Fran­çoise Louise Demor­gny écrit en poète, raconte en roman­cière, écoute en lectrice. »
Coup de cœur de la librai­rie Les Saisons à La Rochelle, hiver 2019

« Le texte se construit en récits unis et auto­nomes à la fois […]
On peut alors penser à un abécé­daire même s’il est en désordre, ou bien à un diction­naire dont les défi­ni­tions s’agrémenteraient de faits et d’images, de songes aussi, à mesure que le texte progresse et que l’enquête s’affine. […]
Cepen­dant, cet ensemble inter­roge aussi la poésie, les points, les pois comme autant de réduc­tions ou d’ellipses pour ne pas tomber dans un chagrin éternel. »
Clara Regy, « Instan­ta­nés », Terre à ciel, novembre 2020

« Ces poin­tillés qui conduisent l’ouvrage invitent à de multiples lectures. Il peut être consi­déré comme recueil de poèmes en prose, chacun dési­gné par un mot sans pronom posé comme un point en tête de page. On peut aussi faire défi­ler les inci­pit qui surmontent chaque para­graphe, les reliant comme un long poème. Le livre est cepen­dant construit en conti­nuum, une avan­cée erra­tique néan­moins conduite par la téna­cité d’une enquê­trice qui s’appuie sur des extraits de jour­naux intimes, bribes de paroles et d’instants remé­mo­rés, docu­ments offi­ciels et qui cheminent vers “ces morts, les miens qu’à force de vouloir je ranime / que je dérange dans leur paix éter­nelle”. On y croise, parmi les membres d’une famille, une tante Pier­rette, ses clar­tés, ses obscu­ri­tés, l’absence de son fils Roland et le fantôme de Rimbaud qui, comme l’auteur est issu des Ardennes, ce massif que traversent les poin­tillés d’une fron­tière. Rimbaud qui sur ses manus­crits, “…use de points de suspen­sion” dont “chacun resti­tue un geste, un élan, une rage, une rete­nue, rend un souffle, une humeur oubliée et parle“. Flot­tantes et discrètes, les paroles de nombreux poètes ponc­tuent une écri­ture tout en suspen­sions où l’air circule si bien entre les lignes, entre les mots. »
Jacques Vincent, 30 minutes d’insomnie, 9 septembre 2021