Description
Dans le titre, ce sont les parenthèses qui frappent. La tristesse est ainsi placée en complément, en commentaire, mais isolée, comme un aparté – comme un signe visuel, aussi, de l’enfant dans le ventre maternel. Car c’est bien un récit des origines que trace ici Claire Le Cam. Sous la forme d’une tragédie poétique moderne, une « traversée », une exploration, au plus profond de soi, et donc de l’enfance, de ce qui constitue un être (qu’il soit réel ou fictif n’est pas la question).
En un prologue, d’abord, un « je » « en posture colimaçonne » expose un temps disloqué dans des réminiscences, des ruminations, des injonctions. L’être va et vient, à l’écoute de la multitude de voix en lui. Puis vient le « magma » de ces voix diverses – comme un bruissement. L’auteur invoque l’enfant (triste), le fait remonter en/de soi, pour le reconnaître. Se demande d’où il vient. Retour sur la famille, le père, la mère… Il s’agit de le « déverrouiller », de s’en détacher. Geste à la fois effrayant et libérateur, car partagé : « que suis-je censée faire de la liberté qu’il me laisse », « que vais-je devenir moi ». Que faire d’autre que « le choix d’une vie qui mène à la mienne à moi seule », même en étant très « incrustée » ?
Encore une fois, Claire Le Cam, loin de « geindre » au cours d’un « récit de soi » (« Je suis plus brutale que ça » est-il dit dans le prologue), expose une singularité fictionnelle, un imaginaire d’une grande force.