Tremble

Auteur
Benoit Colboc
Poésie
24 pages, 10 x 15 cm
Parution : juin 2021

Publié avec le soutien de la région Bretagne

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 5,00

Épuisé

ISBN  978-2-490385-28-7 Catégorie 

Description

Dans ce texte très court, Tremble est un person­nage, un sujet à part entière. Petite forme ramas­sée pour aller au cœur, celle-​ci semble s’articuler autour d’une colonne centrale de deux séquences, justi­fiées en regard, où se dit le père disparu, et « rester le fils », et le « trem­ble­ment essen­tiel », « part silen­cieuse à nos peaux ».
Tout en pudeur, on lit « les peurs de tout de moi des autres […] de déjà plus l’enfant », un « enfant désha­billé » « qui leurre et qui pleure », ce « Tremble qui bat la mesure de / la présence qui détraque », qui doit faire avec l’« exer­cice » (l’expérience) « des langues trem­blées comme la parole ». On y croise aussi Alcool, dont Tremble « ne parvient pas / à [s’]échapper », compa­gnon des « mains impa­tientes » « dans la recherche des mots trem­blés cousus au passé ». C’est que désor­mais Tremble est ce mouve­ment indis­so­ciable et complice, ce pas de côté impré­gné qui « bat les peurs » comme on bat les cartes, « comme on s’écrit ».
Comme on s’écrit… « à la vitesse d’un trem­ble­ment » : c’est bien une écri­ture trem­blée qui fait ce texte, et trouée de mots trop lourds à porter, qui frappe d’autant plus qu’elle est fragile et forte tout à la fois, dans la néces­sité à dire ces paroles, les saccages et les silences.

Notes de lecture

« Benoit Colboc, c’est aussi, toujours aux éditions Isabelle Sauvage, le texte bref, Tremble, composé de deux séquences justi­fiées en regard sur papier plié déta­ché inséré dans un petit volume gris se présen­tant comme un carnet de pudeur. […]
Aller à l’essentiel, ou pas, au bouchon de liège ou au siège des émotions.
il faut écrire jusqu’à la corde, la desser­rer, tisser autrement.
“moi le stylo / lui la terre”
Tremble est un person­nage hanté. »
Fabien Ribery, « Au nom du père, par Benoit Colboc, poète », L’Intervalle, 22 août 2021

« Tremble est un condensé intense où les pages (non coupées) sont à déplier lors de la lecture, tant physi­que­ment que symbo­li­que­ment – et ce faisant, l’auteur donne à entendre une voix singu­lière et puis­sante, construite sur des agram­ma­ti­ca­li­tés, des doutes, des trem­ble­ments, mais qui se fait d’autant mieux entendre. »
Stéphane Lambion, Poezi­bao, 20 septembre 2021

« Tremble occupe le terrain au point d’être un nom propre, lieu prin­ci­pal de l’œuvre double. Ce mot devient […] le centre du séisme fami­lial qui affecte toute la fratrie : “l’aînée et le dernier qui tremblent et pleurent de la même façon”, et le frère, agri­cul­teur comme le père, qui “chavire chagrin questions”.
Tremble frac­ture comme on le voit le récit linéaire, agglu­ti­nant ou isolant des mots, inache­vant des phrases, affec­tant la conju­gai­son, la syntaxe, les caté­go­ries gram­ma­ti­cales : “Je silence et je peur” […].
Ce sont tous ces trem­ble­ments du sol de l’enfance que repro­duit dans les deux livres une écri­ture origi­nale, dense et intense, avec les secousses qui lui sont propres. »
Natha­lie de Cour­son, « Tremble (une expé­rience de lecture) », Patte de mouette, 13 octobre 2021

« Benoit Colboc pousse cette démarche avec plus de radi­ca­lité encore dans le poème Tremble qu’il publie en même temps, aux mêmes éditions [voir Topo­gra­phie]. Conçu comme un diptyque qui se foca­lise tantôt sur le fil, tantôt sur le père, “moi le stylo / lui la terre”, entre projec­tion vers l’autre et saisis­se­ment de soi. Il saisit, au-​delà d’un léger hermé­tisme, une rela­tion qui oscille entre colère et empa­thie, et propose une poétique singu­lière, expli­quant les raisons et les condi­tions de l’écriture poétique dans une rela­tion puis­sante avec un réel qui échappe et fuit sans cesse. Saisis­se­ment mémo­riel, recons­ti­tu­tion inté­rieure, réflexion sur le geste de l’écriture, la lecture de Tremble complète son récit plus acces­sible, affir­mant une dyna­mique forte : “Tremble comme je m’écris / jusqu’au point final.”
C’est qu’il serait absurde en quelque sorte de vouloir expri­mer tout ceci dans le flot d’une langue habi­tuelle car ce qui compte n’est pas la douleur banale, les secrets de famille, mais bien au contraire les moyens langa­giers qui permettent de dépla­cer le biogra­phique pour le trans­muer en trace écrite, révé­ler une disjonc­tion exis­ten­tielle, en travailler la densité même. »
Hugo Pradelle, « Un récit et un poème, boule­ver­sant coup double de Colboc », Media­part, 12 décembre 2021 ; « Deux livres, une exis­tence », En atten­dant Nadeau, 18 décembre 2021