Désarmée désarmante

Autrice
Frédérique de Carvalho
Poésie
132 pages, 14 x 20 cm
Parution : juin 2025

Publié avec le soutien du Centre national du livre et de la région Bretagne
Voir les premières pages

 18,00

UGS : 978-2-490385-51-5 Catégorie :

Description

Désar­mée désar­mante nous entraîne dans le mouve­ment inces­sant d’une langue frag­men­tée « en gestes synco­pés », à l’image du combat inces­sant qui se livre en poésie, sur la page, dans la langue, pour faire face à « un vieux soleil éteint » que l’on porte en soi. Deux ensembles sont ici rassem­blés, « braquer le sorti­lège » et « désar­mée désar­mante », dont les titres sont éloquents pour évoquer ce dont il s’agit : « tu désap­prends le geste de survie plutôt tu le dévies jusqu’à écrire peut-être ».
La page est « verti­cale », assi­mi­lée à une paroi, mur ou falaise, on cherche une trans­pa­rence possible malgré l’opacité, à voir derrière, et on écarte ou on s’engouffre dans les brèches, on s’y cogne ou on l’escalade. C’est « camp retran­ché » aussi bien que forte­resse à assié­ger — est-​ce que le mur doit ou ne doit pas tomber ? C’est l’abord du vide pour « voir si le bord existe » et garde-​fou, c’est la ques­tion, posée d’emblée : « et si c’est impor­tant de recou­vrer mémoire » ?
Il y a d’abord coup de force, le lexique est guer­rier, « il pleut des casques des armes des armures ». Il faut rompre le charme, (se) désem­pa­rer, démettre, sépa­rer. Les cartes sont à rebattre, celles de l’enfance, toujours l’enfance, et celles du pourquoi-​comment de la cara­pace, dans une ivresse, une incan­des­cence à la fois vitale et morti­fère, où s’essaient des échap­pées et autres amné­sies, rituels (« on est païen de mille feux »). Un « quand je m’oublie cheval » aussi : circons­crit au manège, il renâcle à l’obstacle, baisse l’encolure ou une main en tient les rênes, mais il se détache peu à peu en faisant corps avec le paysage et enfin « les grands chevaux de mer mugissent ». Parce que « la bataille se livre ailleurs // c’est une ques­tion de langue », où « le rythme est cardiaque // l’arythmie fait partie ». Alors, quand bien même les « réso­nances vieilles affluent » ou que « des immo­biles font barrage », « le ciel tombé devient langue à dire ».
C’est ainsi le temps de la poésie qui est inter­rogé, celui méta­pho­rique du parti­cipe présent et celui du parti­cipe passé. « Écrire se trouve là » où, désar­mée désar­mante, « rien ne borde vrai­ment » mais où « on se rattrape au présent de / l’indicatif le temps simple / on se rattrape », on veille à « remon­ter le ciel ».