Description
Frédérique Germanaud livre ici le récit-journal de sa rencontre avec le fascinant MoMo BasTa, grand brûlé dans son enfance, « lapin écorché » devenu artiste performeur évoluant notamment au sein de squats et collectifs d’artistes tels que l’Art-Cloche.
Marqué à vie suite à un accident domestique resté trouble, MoMo, « gueule cassée au verbe haut », cherche aujourd’hui quelqu’un qui recueillera son histoire. C’est d’abord un refus, presque un rejet, que Frédérique Germanaud oppose à cette entreprise. C’était sans compter sur la force du sujet, « chimère » au « visage illisible » qui travaille clandestinement dans son esprit et finit par s’imposer. Au fur et à mesure de ses recherches, l’autrice s’attache à celui qui, sans jamais se poser en victime, « a retourné sa peau deux fois : brûlé puis exposé », et tente de comprendre ce qui la lie à cet homme.
Pacte ambivalent parsemé de doutes, MoMo BasTa interroge l’écriture et le récit de soi, mettant en scène un double « je », biographique et autobiographique, l’un et l’autre marqués par la douleur, l’âpreté à vivre et la solitude.
Notes de lecture
« Cette pratique évasive de l’autofiction prise ici à bras le corps, retournée comme un gant de peu de fumet par la rencontre effective de l’artiste, aussi exhibitionniste et (mieux qu’écorché) greffé vif qu’elle est resserrée sur son soi, est le vrai sujet du livre, celui qui commande son singulier tempo. »
Christophe Stolowicki, Terre à ciel, juillet 2021« Même si le lecteur finira par connaître presque tout de MoMo BasTa, et même par en rencontrer le personnage, quasi octogénaire dans les dernières pages du livre, le vrai sujet est ailleurs : comment une vie étrangère entre-t-elle en résonance avec des expériences intimes et, s’en nourrissant, devient-elle sujet de narration ? Comment, parlant de l’autre, puis-je dire ce qui n’a pas de mots en moi, n’est que névralgies et insomnies ? Et finalement, où est la vérité ? Est-ce la vie de cet homme qui aura toujours 10 ans en exposant ses angoisses et sa douleur, est-ce celle de la femme qui n’aura cessé de cacher les siennes, ou bien s’élabore-t-elle, patiente, difficile, incertaine, dans cet espace ni neutre ni médian, juste autre, de l’œuvre littéraire ? »
Alain Kewes, Décharge, n° 191, septembre 2021