Un écart

Auteure
Françoise Louise Demorgny 
Récit
78 pages, 12 x 15 cm
Parution : mai 2018

Publié avec le soutien de la région Bretagne

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 14,00

UGS : 978-2-917751-98-5 Catégorie :

Description

Le domaine du Grand Dhuy, l’étang de la Fermière ou la douane de la Grue­rie sont lieux écar­tés, isolés. D’entrée, les noms résonnent et le décor est planté pour dire un pays, les Ardennes, un écart à la fron­tière de la France et de la Belgique. Mais, des écarts, de langage, de conduite, de jeunesse, des dépla­ce­ments, des pertes, le texte en dira d’autres.
Dans ce récit en trois parties où l’on retrouve la narra­trice à trois périodes de sa vie, fillette, adoles­cente puis femme mûre (à son troi­sième cheval, pour reprendre la belle expres­sion d’Erri De Luca que l’auteure avait déjà emprun­tée dans son livre précé­dent, Rouilles), c’est l’histoire, la grande et la petite, qui se déroule, les possibles et les impos­sibles d’une enfance qui prend fin soudain, et sur laquelle on s’arrête, se retourne ; les émois plus ou moins déri­soires mais fonda­teurs et les « événe­ments d’Algérie » dévas­ta­teurs, le diction­naire, les pères, minus­cule et majus­cule, pour tenter de comprendre ou défi­ni­ti­ve­ment reje­ter. Tissage de « l’œuvre au noir » du temps qui passe, voix fanées qui se ravivent et rendent paral­lè­le­ment tout l’écart creusé, toute l’étrangeté deve­nue des noms, des lieux, des arbres et de l’enfance.

Notes de lecture

« C’est dans un lieu isolé, au creux des Ardennes, à la fron­tière entre la France et la Belgique, que Fran­çoise Louise Demor­gny situe son nouveau récit. Elle effec­tue un retour en arrière. Elle s’arrête sur quelques uns de ceux qui vivaient là, dissé­mi­nés dans les hameaux, culti­vant la terre, circu­lant entre les champs, les cours de ferme, les berges d’un l’étang et le poste de douane. Tous subsis­taient sans faire de bruit et se retrou­vaient le dimanche à l’église où chaque famille avait un banc à son nom. C’est là que l’on parta­geait les nouvelles. Là aussi que nais­saient de précoces atti­rances. Celles-​ci ne débou­chaient la plupart du temps sur rien mais s’imprimaient dans la mémoire et y restaient longtemps.
C’est l’un de ces élans d’enfance, inex­pli­cable, qu’évoque ici la narra­trice. Elle le fait en trois temps, qui corres­pondent à trois périodes de sa vie. D’abord au début des années cinquante, puis à la fin de cette même décen­nie et, enfin, quarante ans plus tard, au moment où elle revient visi­ter ce terri­toire qu’elle a quitté. […]
Cise­lant son texte avec une rare écono­mie de mots, elle parvient, en retra­çant le chemi­ne­ment de quelques villa­geois et le destin cruel de l’un des leurs, à faire revivre une poignée d’habitants, et parti­cu­liè­re­ment une famille, les Louviers, qui s’est désor­mais presque éteinte et dont la dernière flamme, en réalité une frêle lueur qui vacille à l’intérieur d’une ferme isolée, n’est plus tenue que par l’ultime fils, devenu éleveur d’une ancienne race de moutons, les Roux d’Ardenne. […]
L’esprit des lieux perdure. Dans les mémoires et au cime­tière. À travers le paysage, dans les joncs près de l’étang ou porté par le vent qui s’engouffre entre les rangées de peupliers. Et ce grâce à l’écriture plutôt apai­sante de celle qui effec­tue ce retour aux origines en invi­tant ceux qu’elle côtoyait autre­fois à l’accompagner le temps d’un récit. »
Jacques Josse, Remue​.net, 20 décembre 2018