Description
« Écrire, c’est aussi devenir autre chose qu’écrivain. Écrire, c’est devenir. » En citant cette phrase de Gilles Deleuze, Brigitte Mouchel pose sa sensibilité à l’engagement, sa volonté de « construire une version ouverte du monde ».
Les textes de ce recueil – quatorze « tableaux » – disent cette « poétique du monde » qui traverse l’auteur et qu’elle sait partager. Par petites touches, par collages, Brigitte Mouchel déboîte – bégaie – une langue simple et quotidienne au profit d’images entrechoquées et, paradoxalement, limpides – actuelles et imparfaites. Les différents tableaux sont habités d’une présence intense : un sujet, ici, maintenant, riche et trop souvent amputé de son passé, voire de son avenir ; inscrit dans un paysage, à entendre évidemment autant au sens figuré d’un paysage humain – mental, intérieur.
Elle le dit, ses petites formes poétiques sont des « paroles entendues, rumeurs du monde, traversées d’émotions qui se mêlent au quotidien, aux souvenirs, aux sensations, aux traces. [Elle] creuse, [elle] gratte, [elle] déterre. [Ses] textes sont amers, incisifs, graves, mélange de tendresse et de dureté. Ils disent les vies inquiètes, l’étrangeté des rencontres, les attirances secrètes, les guerres de tous les jours. »
Notes de lecture
« Il en est des mots de Brigitte Mouchel comme du ressac, toujours recommencé, jamais semblable… Ils débusquent, grâce à de légères distorsions, un décalage du sens, des événements oubliés, des images enfouies. »
Sarah Clément, Page des libraires, décembre 2010« Tenir, écrire, pour le poète les deux vont ensemble. […] La force du livre est précisément de présenter le malheur non comme un événement venu de l’extérieur, mais comme faisant partie de la vie ordinaire. »
Françoise Hán, Les Lettres françaises, 6 octobre 2011« À voir, quatorze “tableaux” portés par une “voix décentrée” pour dire l’impossibilité de l’alliance intime du langage et de la sémantique. […] Le bégaiement, mais inscrit dans l’évidence du simple […] devient la seule voie possible pour ce qui se cherche en disant à donner tout à la fois la clairière du dire et la clairière de ce qui échappe au dire dans le fait de dire… »
Matthieu Gosztola, CCP – Cahier critique de poésie, mars 2012« D’emblée, Brigitte Mouchel […] s’empare du travail du texte par une couture ténue et, de proche en proche, instaure une marche (une démarche) pour tenter de construire une toile, peut-être “inventer une histoire vraie”, à l’élaboration de laquelle le lecteur est invité à participer : “Vous allez me suivre même fatigué”. […] Images disparues, répétées, retrouvées et de nouveau perdues, dans une rythmique très diverse, parfois lancinante, le texte de B. Mouchel donne à penser non seulement la langue mais encore l’autre versant de son activité qui est la peinture. Un double travail qui inclut celui des mots et celui des formes et des couleurs. »
Bernard Demandre, Médiapart, 17 avril 2012