La petite dans les jupes

Autrice
Nathalie B. Plon
Poésie
94 pages, 12 x 15 cm
Parution : février 2024

Publié avec le soutien du Centre national du livre et de la région Bretagne
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 15,00

ISBN  978-2-490385-44-7 Catégorie 

Description

La petite dans les jupes, c’est une enfant deve­nue grande qui se retourne sur la petite qu’elle fut, pour tenter de se raccom­mo­der, et raccom­mo­der l’enfant qui a dû se débrouiller seule avec quelques bouts de ficelle face aux secrets qui l’entouraient. À trop voir, à trop entendre, à avaler trop vite, à toucher de trop près, la petite s’est déboi­tée, n’ayant pas d’autre alter­na­tive pour avan­cer son pas, gran­dir un peu. Elle a créé sa paral­lèle, engrangé, et tenté de plier dans ses tiroirs à double fond ce petit tas de ques­tions et de réponses glanées tant bien que mal.
On avance par énigmes, comme elles ont dû le faire l’une et l’autre, l’enfant et l’adulte. Leurs deux voix trouent le texte, à l’image du morcel­le­ment de l’histoire, à laquelle ni l’une ni l’autre n’ont eu accès : « elle est juste enfant dans le roule­ment à billes des grandes personnes ». Parce qu’il n’est plus resté qu’à « inven­ter ce qui lui reste / avec le peu // adverse » — « si peu ». Parce que c’est un impé­ra­tif, il a fallu, « elle faudra », pour avant, pour après, selon l’époque — un « elle faudra » qui revient comme un refrain, souvent plein de violence, à plein corps, de l’ordre de la survie. Le corps est en vrac, il a tout porté (« qu’à force », « qu’à toutes ses forces »).
La petite dans les jupes, même grande, même verti­cale, reste à vaciller « debout juste devant » l’horizontalité des morts et leurs secrets. La mère partie, le père parti, un autre père appa­raît (« papa » et « papa le faux »), mais il ne reste plus d’eux que des reliques déri­soires, dont la vie ne tient plus que dans deux boîtes carton­nées (« boîtes de Pandore »). Alors, « la petite dans les jupes a les mains pleines // creuse ses yeux… // à deve­nir Petit Poucet… » en recol­lant les morceaux d’une « vérité maman papa et papa ». Alors, « la petite dans les jupes range dans les tiroirs la petite dans les jupes range dans l’armoire la petite dans les jupes… » (avec l’absence de ponc­tua­tion la petite deve­nant à la fois sujet et objet), alors, « on est neuf / on est neutre à la verti­cale », « on se tient // mais sans mentir ça rend pas d’équerre ». Et « ça doit suffire ».
Après Faire le mort et aboyer, Natha­lie B. Plon tord et retord un « récit fami­lial » dans sa langue bous­cu­lée, crue et intense, sans conces­sions. « Sur les brisées d’Agnès Rouzier, de même souffle impla­cable. Se prome­nant pieds nus où le cynisme mord. Non celui des mots crus mais la crudité passée en langue », ainsi que l’a écrit Chris­tophe Stolo­wi­cki pour Faire le mort et aboyer (Libr-​critique, juillet 2021).