Description
La réalité. Quotidienne, obsédante… « On voudrait bien l’oublier », nous dit d’entrée l’auteur, qui nous entraîne parmi les « haines », les « peurs », les « puanteurs » ou les « pourritures » pour mieux nous proposer d’imaginer un autre espace – une réalité différente, qui serait à « vivre autre ». Fantasmée pour nous, composée « des choses juste d’un jour », « des choses juste à ne pas dire » ou « si peu à peu à dire », que Claire Le Cam s’empresse justement de nous dire. Pour cela, elle retourne les personnages, les met tous (tout) « de travers », mélangeant les genres, féminin, masculin, emmêlant les subjectivités des voix mises en scène (« Elle », « Il » ou « Je » ne font qu’un, finalement), comme Raccommoder me tourmente ou Phasmagoria, ses précédents livres, le faisaient déjà. Il s’agit aussi d’arrêter le temps, de se forcer à oublier, d’accepter de ne pas « revenir » sans cesse… (mais on a « peur de la rencontre avec l’aujourd’hui » et on « n’a pas le temps d’un long temps » pour autant). De se laisser entraîner avec toutes ces figures ambivalentes dans un « paysage onirique » et « dantesque » très cru, trivial, que l’on n’a de cesse, ordinairement, d’enfouir, de refouler… D’une réalité à l’autre, force est de constater que les passerelles existent, que ces deux mondes ne sont pas si séparés. Claire Le Cam confirme ici un univers, un style éminemment personnels, libres de toute attache.
Ce texte a comme point de départ une chronique tenue sur internet un jour par semaine pendant six mois sur le blog littéraire Les sept mains, créé par Marc Villemain (lesseptmains.canalblog.com). Une des contraintes retenues par Claire Le Cam était la volonté de s’en tenir à une ligne courte, condensée, des textes postés.
Notes de lecture
« Cette poète a du rythme, pose son temps en travers du cours chronologique ; on en aurait presque réclamé un peu plus, car on ne se lasse pas d’une telle énergie sans affect et sans absence non plus. »
Jean-Pascal Dubost, Poezibao, mars 2011« … un court livre crispé, malaisé, et cependant rempli d’une violente beauté, “convulsive”, aurait dit André Breton, qui ne la désirait point autrement. »
Alain-Gabriel Monot, ArMen, mai-juin 2011À lire :
• Des extraits du texte sont à lire et à écouter dans l’anthologie Gare maritime 2013 de la Maison de la poésie de Nantes