Sur le métier

Auteur
Jean-Pascal Dubost
Essai poétique
88 pages, 11 x 17 cm, dos carré collé
Parution : avril 2014

Publié avec le soutien de la région Bretagne et du Centre national du livre

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 12,00

ISBN  978-2-917751-36-7 Catégorie 

Description

Sur le métier est une reprise — revue et nette­ment retra­vaillée — d’un des « Entre­tiens infi­nis » que mène Florence Trocmé sur son site Poezi­bao avec des auteurs contem­po­rains, au fil des semaines, et même des mois — ici de juin 2007 à novembre 2011. À travers ces ques­tions, l’auteur répond — dans sa langue si singu­lière — à celles que beau­coup de lecteurs se posent : d’où vient le poème ? qu’y a‑t-​il avant que celui-​ci existe ?
Jean-​Pascal Dubost y déve­loppe ce qui fait « métier » dans son travail de poète. Il y pour­fend quelques idées courantes. La poésie n’est pas auto­bio­gra­phique (« “je” n’est digne d’aucun inté­rêt macro­cos­mique »). L’auteur fait appel à la fiction et à une néces­sité : « m’éloigner de moi ». Cet appel à l’imagination « déclenche le souve­nir, dont on ne sait plus, du coup, quelle est la part de l’imagination et la part de la réalité passée », au profit d’une « fiction probable ». On invente en quelque sorte un auteur qui fut, lors de son enfance, comme « bâillonné », d’où cet acte de violence, en utili­sant la langue, en écri­vant, « comme néces­saire acte de rupture avec l’enfance, dans la tenta­tive d’être quelque chose (un auteur)…». Pas de passage du singu­lier à l’universel donc : mais « inven­tion », car « se proje­ter dans l’universel, c’est balan­cer un ego gouver­neur et surdi­men­sionné à la face du lecteur », dire en quelque sorte « je suis le monde ».
Il n’y a pas plus « inspi­ra­tion » : « l’écrire créa­tif est le moins du monde natu­rel » et « devient une déci­sion », violente, face au « harcè­le­ment sour­nois et quoti­dien […] qui incite l’homme à le priver de sa luci­dité, à l’aspirer dans la dépos­ses­sion de son intel­li­gence ». Il faut travailler, nous dit Jean-​Pascal Dubost, à « vouloir vaincre la réalité tendan­cieuse ». Pour cet acte, cette « bataille » — qui relève « d’un travail volon­taire, d’une inten­tion » —, pas mieux que le « métier » : là, l’auteur nous donne à voir ses inspi­ra­tions — sa « biblio­thèque » —, source de tech­niques ou puits lexi­caux comme le sonnet rapporté des baroques ou la récur­rence des cita­tions en ses livres (« la cita­tion est la lecture au travail »). Ainsi le poème devient une « struc­ture dyna­mique » « qui engendre du langage, langage sur langage, par absorp­tion totale ». Le poème n’est donc pas « une adresse de cœur à cœur », mais une « émotion intel­li­gente » ; intel­li­gence car il incite alors « à penser ».

Notes de lecture

« Que le lecteur adhère, refuse, partage, repousse, ou même seule­ment nuance, il est mis en éveil, amené à penser, à se situer, pas simple­ment à suivre. […] La richesse de ce livre tient à la circu­la­tion constante entre la réflexion de l’auteur sur son propre travail et sa réflexion plus géné­rale sur la poésie, la litté­ra­ture, la langue. »
Antoine Emaz, Poezi­bao, 22 septembre 2014

« une médi­ta­tion singu­lière sur la prove­nance du poème et son avant-​genèse […], insou­mis­sion exci­tante pour l’esprit. »
Alain-​Gabriel Monot, Hopala !, décembre 2014

« … titre super­be­ment hybride – d’où surgissent à la fois le tissu, l’outil et le savoir-​faire […]. Le poète réaf­firme ici sa préfé­rence pour “le nerf lyrique” à tendre plutôt qu’à détendre… et l’impératif dialogue de l’écriture “avec la mémoire litté­raire géné­rale et avec sa propre mémoire litté­raire”. Du mélange, J.-P. Dubost – “métis ryth­mique” de sa propre asser­tion – fait sa poétique foncière, reven­di­quant le “ravau­dage”, le tissu de “compi­la­tions diverses”, de super­po­si­tions “de registres de langues, du passé et du présent linguis­tiques, de cita­tions…”. C’est aussi de la tech­nique du compost, autre alliance, que J.-P. Dubost fait son terreau dans sa tenace ambi­tion de “survé­crire”. De fines inser­tions qui font de ces entre­tiens un tissu de mille fils, dense et précieux. »
Étienne Faure, CCP, Cahier critique de poésie, #30 – 4, 5 août 2015