Les cavités

Autrice
Laure Samama
Poésie
138 pages, 12 x 15 cm
Parution : octobre 2023

Publié avec le soutien du Centre national du livre et de la région Bretagne

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 17,00

UGS : 978-2-490385-42-3 Catégorie :

Description

Dans un premier temps, Les cavi­tés pour­rait se lire et se défi­nir comme un conte cruel, avec sa kyrielle de person­nages inquié­tants : l’Affreux, le Père, la Mère, la Sœur, puis les Sœurs, les Méchants, l’Absent… et ses noms de lieux mysté­rieux – sans doute pas étran­gers à la forma­tion d’architecte de l’autrice – : le Temple, la grotte, la cour­sive, les « cavi­tés en arrêté de péril », les portes et leurs clés tour à tour rouillées, « perdues et jamais retrou­vées », les portes qui résistent, se ferment l’une après l’autre… Tout semble en place pour un conte pour adultes sur une enfance traumatique.
Mais la langue de Laure Samama, en mêlant l’intime à l’universel et en utili­sant les registres du langage contem­po­rain, retourne les codes du conte pour nous livrer un long poème qui n’hésite pas à s’emparer de la bruta­lité et de la crudité de certains types de discours, celui de la Mère, à la passi­vité coupable, celui des Méchants, vulgaires et violents – « des voix me prennent les cavi­tés ». Toutes ces voix stri­dentes, que la narra­trice tente de mettre à l’écart, expriment les assi­gna­tions de la société, ce qu’on nous rabâche et qui nous empêche.
Le texte effec­tue plusieurs va-​et-​vient entre un avant, un main­te­nant et un plus tard, « les nouvelles cavi­tés écrasent les anciennes », en une « errance hallu­ci­née dans les tréfonds de ce qui nous construit et nous hante à la fois », un chemi­ne­ment sombre dans ce qui infuse de l’enfance dans une vie d’adulte.
Le corps est partout présent : le corps de Sœur soumise au corps de Père, le corps des femmes soumises au corps des hommes, « corps dislo­qué », « sans défense », « livré en pâture », mais aussi, en creux, le corps des femmes amou­reuses au désir violent, des femmes qui jouissent, des femmes qui savent ce qu’elles veulent et/​ou ne veulent plus.
Enfin, sous la dernière porte filtre une lumière. « L’air est venu / sur mon visage et dans ma bouche. »