Description
Lors de mon dernier séjour à Maputo, je m’étais mise en quête de l’un de ces livres introuvables dont l’existence pourtant connue finit par nous hanter : Sangue Negro, de la poétesse Noémia de Sousa, figure tutélaire de la négritude mozambicaine. Notre voix, écrit en 1949 alors qu’elle est âgée de 23 ans, ouvre ce recueil publié en 2001 par l’Association des écrivains mozambicains (coïncidence heureuse : ce livre revient aujourd’hui sur le devant de la scène avec une récente édition brésilienne). Son souffle et son rythme incantatoire nous transpercent d’emblée, nous invitant à déclamer avec elle.
Elisabeth Monteiro Rodrigues
Notes de lecture
« Incantation présentée sous la forme d’un poème-étendard, dazibao poétique, ou “poezibao”, selon l’appellation à présent consacrée ; Noémia de Sousa, chantre de la négritude mozambicaine est également audible ici dans les voix d’Elisabeth Monteiro Rodrigues (voix française et lecture croisée), Ana Lùcia Marques da Cruz (voix portugaise et lecture croisée), Sika Fakambi, Samuel Lietman, Sandra Tamele (lectures croisées). Un texte-cri, exaltant, exalté, au souffle peu comparable servi sur CD par un travail vocal ajusté précisément à la portée de ce poème et à son titre : Notre voix. Procédé ici polyphonique et polyglotte, voix roulant, croisant sur l’onde ainsi qu’une infatigable clameur, une infinie révolte, voix humaine des vifs, des à vif, des opprimés, persécutés, tyrannisés, aux fougues tonitruantes. Une initiative sonore qui rappelle celle de l’album L’or noir, sélection de textes de poètes créoles par Arthur H et Nicolas Repac (Naïve), ou encore Nous sommes cernés par les cibles par Serge Pey et André Minvielle (Labeluz). »
Jean Palomba, Terre à ciel, octobre 2018