Description
Au secret est comme une ode, comme un poème lyrique destiné à être chanté, une ode à la liberté et à la « détestation des entraves », au rêve, au regard, à la pensée détachée du déjà-vu, du déjà-pensé, de l’établi, une ode à la pensée faite pour « apporter régulièrement » à l’esprit « de quoi respirer », lui « offrir chaque jour de quoi boire », « de quoi manger ».
Au secret est un éloge du doute qui nous garde perméables à la lucidité et nous maintient dans la soif, « débutants dans le ciel », funambules sur une « route qu’il faut bien sillonner dans l’incertitude, la perplexité » – toujours ouverts aux « tourbillons frais de l’esprit » et détachant « les toiles d’araignée enrobant les mains ».
Comme un refrain, Au secret produit une « sensation de tournis, de valse », « une sorte de musique ». C’est d’ailleurs à l’origine (pour partie) une commande de la compagnie d’Olivier Comte et ses Souffleurs, « groupe d’intervention poétique » basé à Aubervilliers, familier de la parole de Franck André Jamme, qui devrait bientôt remonter le texte pour la scène, cette fois dans son intégralité.
Notes de lecture
« On épouse facilement et en douceur la vague clapotante, mélodieuse, de ce recueil en forme de “listes”. »
Marta Krol, Le Matricule des anges, septembre 2010
« Progressivement, des échos se font entendre, des réitérations, des variantes ; et des thèmes se font jour, ou se dissipent ; des pistes s’ouvrent, ou se ferment, donnant vie – une vie secrète – ce qui apparaît peu à peu comme la somme des biens immatériels, des possessions insaisissables de la poésie. »
François Lallier, Europe, novembre 2010« “Au secret”, c’est une dédicace. Le texte a été d’abord écrit pour Les Souffleurs – commandos poétiques. Il est fait de subtiles variations qui apparaissent peu à peu, nous invitant à laisser pénétrer ces images, ces listes, “par les oreilles” avant de passer “dans le corps entier”. C’est bien cela, l’expérience que l’on vit avec Les Souffleurs, et dans ce texte : la poésie pénètre chacun.e par les oreilles, transforme notre perception du lieu, du paysage, et on ne trouve “plus rien d’habituel / ensuite / autour de soi”. C’est une expérience de poésie, une musique qu’entraîne l’agencement des mots, isolés ou formant de petites strophes. Une musique faisant advenir des apparitions, furtives. Et l’expérience n’est pas qu’individuelle ; il suffit de décider “tous ensemble / maintenant / de se mettre / à danser sur la route / et peu à peu / le chemin ne peut plus / s’appeler / que le bal”. »
Marc Verhaverbeke, Écrire ici aussi, 23 mars 2022