PQR (poèmes quotidiens rennais)

Auteur
Ian Monk
Poésie
86 pages, 14 x 20 cm
Parution : mars 2021

Publié avec le soutien de la Maison de la poésie de Rennes et de la région Bretagne

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 16,00

ISBN  978-2-490385-13-3 Catégorie 

Description

PQR est une suite de poèmes écrits quoti­dien­ne­ment, du lundi 8 octobre au samedi 30 novembre 2018, à l’occasion d’une rési­dence à la Maison de la Poésie de Rennes, en strophes « brétilliennes » (d’Ille-et-Vilaine), soit trois vers de dix mots, suivis d’un vers de cinq. Chaque poème comporte une allu­sion aux infor­ma­tions du jour que l’on imagine préle­vées dans un quoti­dien régio­nal, ou à la radio, mais égale­ment sur le fil d’actualité des réseaux sociaux. Chaque semaine, numé­ro­tée de 1 à 8, emprunte à huit sources biblio­gra­phiques sur la Bretagne. Enfin, à l’intérieur de chaque semaine — à l’exception de la semaine 4 et de la semaine 7 —, chaque poème débute de la même façon : « Contrai­re­ment à Rennes… », « Ici même… », « Tiens, là-​bas… », « En regar­dant mes chaus­sures… », « Devant cette bouteille de chou­chen… », « Enfin bref… ».
Mais les contraintes et la prouesse ouli­piennes ne doivent pas faire oublier le propos qui, lui, est impli­qué, poli­tique, subver­sif. On y voit défi­ler les événe­ments et les person­na­li­tés de la période, du plus anec­do­tique au plus terrible : la K‑Pop coréenne, les gilets jaunes, l’assassinat de Jamal Khashoggi à Istan­bul, ou des indi­vi­dus fort peu recom­man­dables comme Donald Trump, Robert Fauris­son ou Tariq Rama­dan… Avec un humour féroce, l’auteur se joue égale­ment des clichés liés à la Bretagne — tout y passe : le menhir, le chou­chen… (« un peu trop enchou­chenné, on peut prendre / la prose pour la poésie ») et même la galette-​saucisse ! Le tout dans une musi­ca­lité parti­cu­lière, à la fois élégante, crue et drola­tique, qui fait entendre la langue anglaise (sa langue natale) dans la langue fran­çaise, sa langue d’adoption poétique.

Notes de lecture

« L’oulipien [que Ian Monk] est use de ses outils à la manière des écoliers héri­tés de Queneau, emprunts à diverses œuvres, savam­ment tritu­rés, ou encore à un site web. Une source par semaine s’ajoute à l’écoute ou la lecture des infor­ma­tions, voilà de quoi faire son beurre. Sans comp­ter un art de la juxta­po­si­tion dérou­tante qui met du sel dans la prépa­ra­tion. Les notes quoti­diennes de Ian Monk sont savou­reuses sans être sucrées, elles accrochent toujours quelque part, tradui­sant une désin­vol­ture provo­ca­trice, un prag­ma­tisme de vieux sage passa­ble­ment nihi­liste. Un mélange de confor­misme de la pensée, fina­le­ment, et de grin­ce­ment de dents qui énerve. C’est tout un art de piéger ainsi son lecteur, qui ne demande qu’à être stimulé, l’art de celui qui déraille pour mieux progres­ser vers on ne sait quoi. […]
On retrouve dans ces lignes des person­nages rendus fami­liers par la média­ti­sa­tion, donc quasi­ment irréels, les Tarik Rama­dan, Donald Trump, Robert Fauris­son (du beau linge, en effet !!), ou encore des clichés renfor­cés à l’envi, jusqu’à en rire. Ainsi le chou­chen est décliné d’un bout à l’autre du livre, et la bombarde pas oubliée.
Si la poésie est faite pour oser préci­pi­ter les images-​idées autant que les situa­tions, mettre en boite avec surprise, ne rien rendre dans l’état où on l’a trouvé, alors Ian Monk en est assu­ré­ment un maître. Et il faut le décou­vrir pour mieux le lire. Et lire encore, et tout voir ensuite différemment. »
Jean-​Claude Leroy, « Le poète ouli­pien Ian Monk nous piège dans son dérailleur », Media­part, 12 janvier 2022, et Sitau­dis, 23 mars 2022