Second jardin (drugi vrt)

Autrice
Lou Raoul
Poésie
102 pages, 12 x 15 cm
Parution : juin 2022

Publié avec le soutien du Centre national du Livre et de la région Bretagne

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 15,00

ISBN  978-2-490385-27-0 Catégorie 

Description

Second jardin (drugi vrt) forme le troi­sième volet d’un trip­tyque avec les deux recueils précé­dents de Lou Raoul, Most et Otok, tous les trois tour­nés vers la Croatie.
Après Else et Kim, c’est le person­nage Beris que l’on suit, une fois encore avec des repères tempo­rels et spatiaux incer­tains et une écri­ture marquée par des déca­lages et des ellipses, tant séman­tiques que syntaxiques, à même de trans­crire le cham­bou­le­ment de la mémoire — et de l’aujourd’hui qui en découle. L’absence de ponc­tua­tion (sauf quelques virgules), de majus­cules (sauf aux noms propres), et, comme une basse conti­nue, l’emploi du croate (et de l’anglais) contri­buent aussi à cette désorientation.
Ainsi l’enfance donnée dans les premières pages en poin­tillés, au présent, est pour­tant « comme si loin d’ici ». Juste quelques bribes — Nadia Coma­neci, Khroucht­chev ou Youri Gaga­rine, les maisons sans étage (qui revien­dront au fil des pages) — pour évoquer l’attrait partagé avec le frère aîné, mort, pour ce monde situé derrière « le rideau de fer ». Alors il s’agira (c’est d’abord au futur) d’emprunter le chemin vers l’Est sur les traces de cette aspi­ra­tion, de fouler cet autre jardin.
Ce chemin peu à peu se précise dans la deuxième partie, dans la confron­ta­tion réelle à la Croa­tie que Beris découvre progres­si­ve­ment. On glisse alors dans un temps brouillé, un présent d’observation mêlé, suspendu au condi­tion­nel. Les images du présent et du passé se super­posent, tant des faits, lieux, personnes resur­gissent, telle une cohorte de fantômes (« du bagage de celle qui revient / débordent une maison / et ceux qui ne sont pas morts »), et que « les couleurs des souve­nirs elles aussi changent ». C’est qu’il y a aussi là-​bas les traces doulou­reuses de la guerre récente, face auxquelles Beris ne peut que s’arrêter et se tenir, « muette » — « si vingt-​cinq ans est le temps pour oublier et pour pouvoir survivre » ?
Mais, « s’il n’y a dans ce jardin aucun remède à la puis­sance de la mort / dans les griffes des ronciers / elle se tient debout », Beris s’égratigne pour faire « des coupes des clai­rières des encores », elle « élague entre les années ». C’est au prix de ce chemi­ne­ment qu’il sera possible de conti­nuer : « si Beris consent / […] à pouvoir oublier ou l’inverse / à pouvoir exis­ter c’est une autre ce sera ».