Description
Veiller sur ce qui disparaît, repasser la main caressante, prendre soin de ses morts… ainsi guettent nous les perçants, déjà « à l’affût de leur extinction », mais dont l’écho résonne à chaque double page pour que l’errance ne gagne pas nous autres qui « nous déplaçons chez les sans-nom ». À distance d’une modernité qui privilégie la parole des objets connectés et des langues fossiles, jalonnée par la « ponctuation pénétrante des codes-barres », nous les perçants, entité ouverte et mystérieuse, propose de mettre à jour tout ce qui s’épuise et d’offrir à la nuit la possibilité d’opposer ses forces fertiles.
À l’impossible fatalisme et à la vaine espérance, Maryvonne Coat répond dans ce nouveau texte par le choix des paysages et de leur mémoire, de ceux que l’on exile et des territoires que l’on déserte. Des mouvements par lesquels la poésie sème et récolte les perdus, réhabilite les boiteux, les tus et les morts. Des mots qui quêtent l’essentiel et où « chaque un compte l’autre » ; des mots qu’elle laisse libre de s’absenter, renaître, se domestiquer, devenir débris et toujours faire racines comme un rempart à l’oubli de tout ce (tous ceux) à quoi (à qui) nous avons renoncé.
Ainsi scandent et se scandent nous les perçants, un sujet libre de se conjuguer tour à tour à la première et à la troisième personne du pluriel, comme une force en action déjà certaine de sa propre disparition, le long d’un voyage vers l’épicentre des failles habitées, des espaces autrefois charnus et aujourd’hui délaissés, jetables. Un texte incantatoire sans cesse et sans orgue pour mieux redessiner les contours de ce qui, sous la main de l’homme, peu à peu s’efface avant de disparaître.