Torii

Autrice
Camille Loivier
Poésie
146 pages, 14 x 20 cm
Parution : juin 2025

Publié avec le soutien du Centre national du livre et de la région Bretagne
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 18,00

UGS : 978-2490385-50-8 Catégorie :

Description

À partir du tres­sage d’un ques­tion­ne­ment sur les langues, sur l’opposition complé­men­taire du mascu­lin et du fémi­nin, ainsi que sur sa vision orni­tho­lo­gique du monde, Camille Loivier dessine dans ce livre une construc­tion de ce que l’on pour­rait nommer tout à la fois des passages mais aussi des corres­pon­dances, des liens ; des traver­sées symbo­li­sées par des torii, ces portails tradi­tion­nels japo­nais érigés dans certains espaces sacrés des sanc­tuaires shin­toïstes. Étymo­lo­gi­que­ment, torii peut signi­fier « la maison de l’oiseau ». Ceux-​là mêmes qui passent et repassent ailleurs dans le texte, se posent et s’envolent, « juste parce que les oiseaux et moi on a quelque chose en commun. Je ne me souviens pas de quoi, il faudrait savoir pour­tant. Dans le fait qu’ils volent et que je ne vole pas, il y a un point commun. »
Cinq torii sont ainsi traver­sés, sous l’arcade ouverte symbo­li­que­ment entre les mondes physique et spiri­tuel, entre lesquels deux préludes et deux fugues s’intercalent pour tirer des fils narra­tifs qui évoquent tout à la fois un acci­dent de l’enfance : « sa tranche de vie et de mort » et un événe­ment demeuré incom­pré­hen­sible et qui libé­rera fina­le­ment son secret et sa force dans une fugue. Préludes et fugues forment des lignes paral­lèles cher­chant à fuir un réel où l’emprise du mascu­lin impose de sépa­rer l’esprit du corps.
Au milieu des échap­pées, des figures fami­liales côtoient écureuils et martin-​pêcheur, un bol retourné dans la main ramène la petite fille inat­ten­due, « des initiales à la place de son nom » laissent remon­ter des exis­tences tron­quées. L’ensemble forme « un nœud, mais en train de se dénouer », et sans cesse se dénouant.
Dans cette parti­tion en prose poétique, Camille Loivier réflé­chit égale­ment sur ce qui la scinde, « on n’est pas tout le temps soi — parfois on est un double, une doublure que l’on peine à tolé­rer », elle inter­roge la généa­lo­gie fami­liale, notam­ment la place des femmes qui l’ont précé­dée : « elles qui ont été des femmes, des pièces rappor­tées, des êtres qui enfantent puis meurent. J’ai cher­ché à retrou­ver celles qui étaient venues avant moi, et par qui on me deman­dait de me lais­ser traver­ser. » Une pièce orches­trale, avec une poésie du passage entre chaque acte, des para­graphes ouverts sans majus­cules qui se terminent sans ponc­tua­tion, comme une image concrète de ce passage, où l’embellie se loge aussi bien dans le rouge­queue du matin que dans un vide inha­bité, via une écri­ture ailée, emprun­tant les lignes de fuite et qui s’enroule pour toujours mieux se déployer.