Épuiser le viol

Autrice
Anne Malaprade
Poésie
144 pages, 14 x 20 cm
Parution : novembre 2025

Publié avec le soutien de la région Bretagne
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 18,00

Catégorie :

Description

Avec un titre-​projet qui déroute le réflexe d’une termi­no­lo­gie, Anne Mala­prade observe dans Épui­ser le viol les parte­naires coupables d’un corps et de son esprit, les fissures où tyran­nisent domi­nés et domi­nants au sein d’un même être – ou de mêmes êtres quand les places qu’ils occupent dans ce texte s’interchangent. « Parfois Peur frayeur, parfois Peur terreur, parfois Peur ardeur. Ça commence dans le ventre, un poids invi­sible qui appuie sur les organes inté­rieurs, c’est continu et plein, une matière qui ne contient rien sinon la masse indé­ci­dable, grise, entê­tée. » – un entê­te­ment pour ne pas perdre de vue l’endroit déchiré, par les autres mais aussi par soi.
Dans la bana­lité d’un quoti­dien, les person­nages et leurs ombres défilent, s’échangent les rôles au gré d’une fable à la fois poétique et animale : on croise les Violettes, le Loup, le Petit, la Louve, la Love, la Lune… mais aussi l’Enviolé(e), l’Envioleur, la Dévio­lée, l’Inviolée… autant de masques imper­son­nels qui rebattent les cartes des violences à la fois coupables et victimes au sein du corps et de la cellule fami­liale – le corps-​femme ou femelle prin­ci­pa­le­ment, aux prises avec la fémi­nité, la mater­nité, le désir et les murs char­nels ; ses douleurs et ses révoltes : « Louve se décons­truit dans la gueule de ses parents et sur la bouche de ses enfants. » Et toujours l’écriture-glaive pour tour­ner autour, qui s’interroge afin de ne pas lais­ser le présent pour­rir : « […] elle se doute que quelque chose ne va pas dans son écri­ture, les mots la répètent et la reprennent, les scènes la hantent, elle glisse vers la répé­ti­tion qu’elle exècre, elle est rattra­pée par le flux et le retour, ça revient, elle ne sait pas dire l’amour d’un Loup, l’amour doux, elle n’ose pas écrire qu’elle a peur de contraindre la néces­sité au hasard ».
Réso­lu­ment tour­née vers la poésie, l’écriture d’Anne Mala­prade est de l’ordre du senso­riel – quasi olfac­tive – comme on a pu l’observer dans ses précé­dents textes. Ici l’argan, le vin lourd, le miel, les figues et les prunes, la séche­resse du pain et l’obsession du trop sucré. Des saveurs médi­ter­ra­néennes comme pour adou­cir l’âpreté des souve­nirs qui se confondent et les places impos­sibles à tenir quand toujours « Entre vol et viol il faut choi­sir l’irréparable. »