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Tom

Nous venons d’apprendre avec une grande tris­tesse le décès, le 8 février, de Tom Raworth dont nous avons publié une série de poèmes en novembre dernier (Intem­pé­ries). Nous nous permet­tons de reprendre le bel hommage que Jacques Roubaud lui rend sur Poezibao :

« J’ai toujours dans l’oreille les extra­or­di­naires lectures de TOM. Il lisait d’une manière extrê­me­ment rapide sans jamais buter sur un seul mot. Le passage d’un vers à un autre, à cause de cette rapi­dité était tel (et les poèmes étaient bâtis pour produire cet effet) que l’oreille avait à peine le temps de déci­der si ce qui venait après la tran­chante coupure du vers, l’aller-à-la-ligne oral du vers, devait être entendu comme lié à ce qui était venu avant ou annon­çait ce qui arri­vait main­te­nant. C’était fasci­nant, éblouis­sant, presque hallu­ci­nant. Avant chaque lecture, TOM prenait un très long moment pour se concen­trer. Il en sortait épuisé. Pour qui savait qu’il souf­frait d’une mala­die cardiaque grave (elle a fini par l’emporter), à la tension de la lecture s’ajoutait la crainte que sa perfor­mance ait une consé­quence grave pour sa santé. Mais il ne renon­çait pas à lire. La mise en voix de ses poèmes par lui-​même était pour lui une compo­sante essen­tielle de son art. »
Jacques Roubaud